L’amour c’est un infini borné par une vie limitée.
LES RIVAGES DU RIMAGE
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mercredi 17 avril 2024
LE TEMPS NE PASSE POINT…
D’après Le temps ne bouge point et jamais ne repose
de Jean-Baptiste Chassignet (1571 - 1635)
Le temps ne passe point et jamais ne se pose.
Il nous navre au matin, cheminant à son pas,
Pour nous dépêcher, là, sous un un ciel sans appâts,
Où nous faisons mine de ne croire la chose.
S’écoulent les saisons, qu’on lit à lèvre close,
En sentes qui sinuent, serpentes, de hauts en bâts,
L’âme blessé, l’esprit gourd, le cœur au trépas,
Sans rien qui repose ni l’espoir d’une pause.
Le printemps ne fut point inclément, loin s’en faut
Mais sa douceur, hélas, maints et maints assauts
Fut plus givre glacé que rosée fraîche en sorte.
L’été n’a pas porté de beaux fruits tous les jours,
Et l’automne fut vents mauvais, comme toujours,
Car déjà l’hiver de mes jours frappe à la porte.
mardi 16 avril 2024
lundi 15 avril 2024
L’HOMME QUE T’AIMES
Il a le crin blanchi,
L’homme que t’aimes,
Et il s’est avachi,
L’homme que t’aimes.
Mais il est toujours là
Et de toi jamais las,
Lueur au fond des yeux
Et sourire en bouche,
Remerciant les cieux
Quand nos mains se touchent
Ou nos lèvres s’abouchent ;
Quand nos deux corps se couchent
Pour des sommeils profonds
Et des rêves sans fond.
Pourtant tu l’aimes
Avec son air gauchi…
Pourtant tu l’aimes
Malgré son dos fléchi…
Ainsi les heures passent
Qui tant nous carapacent,
Menant feues nos ardeurs
Sur ce qui nous reste
De chemin, sans grand heurt
Et d’un pas moins preste,
Vers le tout dernier lit
Celui qui tout délie
Sauf la douce tendresse
Qui rythme nos jours,
Malgré mes maladresses,
Qui vaut les « toujours »
Et, sans doute, un peu plus même,
Que te disait l’homme qui t’aime…
Malgré son crin blanchi,
Et son vieil air gauchi…
Malgré son dos fléchi
Et ses traits avachis…
dimanche 14 avril 2024
samedi 13 avril 2024
HAÏKU DE FART
Allez au ski rien que pour brouiller les pistes est non seulement dangereux mais irresponsable : on se retrouve vite à glisser sur une mauvaise pente !
LA JEUNE VIEILLE
« Le coeur bat là où il n’y a pas d’autrefois » J. Prévert
L’esprit déchiré d’une jamais madame,
Elle va, croquée au cœur, mordue à l’âme,
Affronter les crocs des ans, la dent des gens,
Le regard vide et noir, le pas diligent.
Pour les lèvres écumeuses, le passé trouble
D’une vieille extase compte plus triple que double.
La marche des ans et le labour du temps
Marque un corps mouvant aux lyres du vent.
Vivante parmi les mourants, elle est chimère,
Fantasme qu’on montre au doigt, fille mère :
C’est le mauvais exemple, la court vertu,
La fille perdue, la source émue vite bue.
Quand on t’a défleuri sans fard ta jeunesse
Volée, qu’on t’y a imposée la vieillesse,
Comment savourer un moment l’oeil au ciel,
Goûter le moindre instant quand le miel est fiel ?
Plus la rage de manger les jours qui passent.
Plus la force de boire les heures lasses.
Certes, elle a apprit, seule et froide, à aimer
Bien plus charmes d’avril ou douceurs de mai,
Soleil de février, frimas de décembre
Ou givre en juillet et vents fous de septembre
Mais aux grands inquisiteurs, le grisonnant
Du cheveu est de jeux grisants le tenant…
vendredi 12 avril 2024
jeudi 11 avril 2024
DIALOGUE HAÏKU’LLU
« Avec mon idée, ma patronne va se faire des couilles en or !
- Dommage, c’était plutôt une belle femme ! »
ÉCLIPSE TOTALE
Au lendemain du 8 avril 2024
sur une photo de M.Y. Custeau
Le jour se fait blafard au rendez-vous des astres,
Comme s'il annonçait quelque désastre en cours,
Un avenir qui va, sur l’heure, tourner court.
Notre esprit nous ramène au temps de Zoroastre :
La lumière blême, tuant un temps la clarté
Et un frisson glacé qui fend l’air, tout y est !
Une atmosphère d’apocalypse nous hante.
C’est hypnotisant la nuit à midi sonnant
Et, à défaut d’être malfaisant, dissonant.
Sont-ce prémices de prophéties effrayantes ?
mercredi 10 avril 2024
mardi 9 avril 2024
HAÏKU DE BAMBOU
J’ai demandé à mon pâtissier un gâteau pour 8 personnes.
Il m’en a vendu un pour 6 au prix d’un pour 10 !
AU LONG DU JOUR…
Au long du jour
Je cours toujours
D’un repassage au repas sage
Et puis d’un ménage à un « Mais, nage ! »
La vie m’épuise
L’envie s’épuise
Je xourds toujours
Au fil des jours
Souvent butin parfois catin
Chez les beaux teints des vieux bottins
L’envie m’épuise
Ma vie s’épuise
Au long du. jour
Au fil des jours
lundi 8 avril 2024
HAÏKU RÂLANT
Notre siècle n’a, hélas, d’estime que pour la célébrité née dans la jeunesse et de considération que pour la renommée vite acquise. Et tant pis pour pour le laborieux talent méconnu ou l’humilité industrieuse et créatrice.
dimanche 7 avril 2024
TERREURS NOCTURNES
Ainsi va ma vie, ainsi vont mes nuits…
Éprouvé par la vie et hanté par la mort,
Crépuscule qui s’éteint, aube qui s’allume
Me sont des affres hélas, pire d’un même abord :
Ils angoissent mes heures et soucient fort ma plume…
S’apeurer à chaque soir que la nuit te dorme
Et puis s’étonner de s’éveiller au matin,
Regrettant qu’aurore allonge l’ombre de ormes
Car, à la brune, la peur reprendra du teint…
S’épouvanter que le sommeil jamais ne vienne
Mais se défier des rêves qui me tournent court,
De ces cauchemars qui, encor’, toujours, reviennent ;
S’effrayer d’un repos qui épuise le jour…
Craindre ces lits froids de solitude qui restent ;
Appréhender celui chaud des amours passant ;
Frémir, sans répit, d’une pénombre funeste ;
Redouter les veilleuses allant en faiblissant…
samedi 6 avril 2024
vendredi 5 avril 2024
EN L’ABSENCE DE TA PRÉSENCE
À Tatie, le 21 janvier 2023
Et il pleut, à tâtons,
Des fleurs de coton,
En entêtant mobile
D’heures immobiles,
Au village endormi,
Sur l’église assoupie,
Dans la nuit cécitante
Dans l’ennui de l’attente.
Tristesse ensevelie
Dans la peur de l’oubli,
D’un silence anobli
Sans risque d’embellie.
Aux veines de bitume
Du bourg en blanc costume,
Sur sa chair de béton,
Pleurent de gros chatons
De peuplier, manège
Indolent d’une neige
D’heures vite passées
Et d’un temps trépassé.
jeudi 4 avril 2024
mercredi 3 avril 2024
VOILÀ REVENUE…
Voilà revenue la cohorte des nues,
Silencieuse légion moutonnière,
Qui court les cieux à l’aurore venue,
Qui marche sur l’horizon sans bannière
Dans ses vaporeuses cuirasses nues.
Voilà revenue la cohorte des nues,
Armée disciplinée qui paît et qui broute
Pour qu’il ne repousse plus, l’azur ténu,
Jusqu’au bout de ce qui sera sa route,
Lente marche forcée, connue, continue,…
La saison, menue, nous avait prévenus…
Voilà revenue la cohorte des nues,
Qui commence le siège de la plaine,
Pour l’inonder, en assauts sans retenue,
Du bon sang du ciel qui, à coupes pleines,
Fécondera ses dons menus et grenus
Avec une bonté par tous reconnue.
Voilà revenue la cohorte des nues,
Phalange pour des terres qui par trop donnent,
Trop entretenues, devenues moins charnues,
Seule armée bienvenue, dont on pardonne,
Les excès fous ou la mauvaise tenue…
Car elle offre tout, sauf la déconvenue.
mardi 2 avril 2024
lundi 1 avril 2024
À CELUI D’ANGERS
Bienvenue à toi l’Étranger
Toi qui me serais dit-on un danger
Pour ma vie installée bien rangée
Que tu ne songes qu’à déranger
N’aimant rien moins qu’à tout vendanger
Bienvenue à toi l’Étranger
On ne devrait pas se mélanger
Entre gars d’ici et de Tanger
Même si ça peut nous démanger
Car tu es venu mon pain manger
Bienvenue à toi l’étranger
Ne songeant qu’à mon bien engranger
Quoique coursier de mon boulanger
Ou prêt à mes chiottes vidanger
Et ta femme mon bébé langer
Bienvenue à toi l’étranger
Posons-nous un peu pour échanger
Sur mes poiriers et tes orangers
Et nos deux cultures louanger
Et les a priori effranger
Bienvenue à toi l’étranger
On pourra pas les cons essanger
Nul ni rien ne peut las arranger
Âmes ou esprits ne voulant changer
Et, en médiocres, se revanger…
dimanche 31 mars 2024
AUBE BLANCHE
D’après une photo de Marc-Yvan, 22 janvier 2023
Uni, mais pas uniforme, un linceul de silence
Recouvre la ville et le bois domestiqué,
Voilant les souillures d’un vieux monde en balance,
Dissimulant ce qu’on voudrait éradiquer.
Dérobant à nos yeux l’urbaine salissure
Ce drap de lit ouate l’à-pic, embellit
L’abrupt, gomme l’angle et comble les flétrissures
Que l’homme fait jusqu’à l’air de son ciel de lit.
Déguisant nos errements en vraie carte postale
Toute neige nous fait faire le deuil du vain
Et du bruit, atténue, en saisonnier Tantale,
Et même cèle, nos affronts faits au divin.
Sous des nues qui s’enrouent où, aussi du blanc farde
Et couvre l’azur pali, l’infini dépoli,
Cette enveloppe adoucit le pas qui s’attarde,
Estompe les ombres, les camoufle en roulis.
samedi 30 mars 2024
vendredi 29 mars 2024
L’ÉTOUFFANTE FEUILLÉE
Sur un travail d’Elisa (2020)
La vie m’est une noire forêt
Où la lumière est faite d’ombres
Dans ses sentes toutes en pénombre,
Où les branches sont lacs et rets.
Sa futaie au cieux fait arrêt
Et nul chant d’oiseau ne l’encombre.
La vie m’est une noire forêt
Où la lumière est faite d’ombres…
jeudi 28 mars 2024
mercredi 27 mars 2024
HAÏKU DU LIBRAIRE
Les livres immoraux sont à l’image de l’ignominie du temps où ils sont nés non de leurs auteurs.
LA RUE S’EST ANIMÉE
Texte proposé pour l’exposition de M. Falgas
« Les Nouveaux territoires » (Argelès-Gazost, janvier 2023)
Dans les fumées grises, la rue s’est animée.
Le jour désarrimé fait que, là, l’on se grise
Parmi les abîmés ou ceux qu’un rien défrise
Qu’importe bise ou brise, fini de déprimer…
On sort quelques chaises et circule de la braise
Pour le soir sublimer, malgré le temps, la crise,
Faire la fête à l’aise sans autre exégèse.
Qui viendra réprimer la joie d’un lâcher-prise,
De plaisirs sans surprise et d’heures élimées ?
Messieurs, pas de méprise : on a toute maîtrise
De notre coin miné, dépourvu d’entreprises.
Pour vous on est punaises ou faiseur de fadaises,
Toujours là à frimer, minables sous emprise,
Tatoués balézes jamais à court de baise,…
mardi 26 mars 2024
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